Billet d'humeur...
Rives...et dérives...
Billet d’humeur
Rives et… dérives
Qui l’eut cru il y a seulement 15 ans ?
Tout le long de ce fleuve que nous aimons tant, le Rhône pour ne pas le citer, un nouveau et redoutable nuisible est en train de s’installer. Quoique différent de l’oïdium, du mildiou, de la flavescence dorée, de la pourriture grise ou du court noué, ce nuisible a un nom : la spéculation…
Née à Bordeaux, elle contamine rapidement la Bourgogne, et s’attaque maintenant à d’autres régions, et principalement au Rhône septentrional et à quelques « poches » du Rhône Sud, de la Loire et d’autres régions. Les amateurs, frustrés de ne plus pouvoir se procurer leurs nectars préférés à des prix corrects, ne peuvent que constater l’ampleur des dégâts.
Comme toute bonne spéculation, elle nait souvent d’une demande bien supérieure à l’offre et de multiples acteurs de la filière se plaisent à l’entretenir. A commencer par les tous derniers maillons, les « voraces » : ceux-là, ayant réussi à se procurer quelques bouteilles des précieux nectars s’empressent de les remettre en vente via E-bay ou d’autres sites de vente, ou via le canal des ventes aux enchères. Cela commence à embêter le vigneron, qui se pose des questions… Les négociants qui possèdent la distribution de ces précieux flacons sont à leur tour tentés, au pire de monter sur le manège, au mieux de procéder à des augmentations peu conventionnelles… Cela commence à titiller le vigneron…qui tout d’abord décide de commencer à surveiller ses ventes de plus près. Puis, voyant que cela ne sert à rien puisqu’il est impossible de » tracer » son vin jusqu’à la destination finale, commence à se dire qu’il est le dindon de la farce. Cela énerve franchement le vigneron….
Et c’est là que cela risque de commencer à déraper monsieur le juge…le vigneron augmente ses prix…
Et si l’on repart maintenant du point de départ, le prix ainsi augmenté va se répercuter via les marges de la filière de distribution jusqu’à un prix qui n’aura plus rien de décent pour l’acheteur, mais qui coupera les ailes à une spéculation trop importante…du moins pour un moment…
Hors Bordeaux et Bourgogne, ce phénomène n’atteint encore que quelques domaines, mais il risque de se propager rapidement à d’autres, pour la bonne et simple raison que la production n’est pas extensive et que certaines appellations, et bien plus encore certaines propriétés à l’intérieur de celles-ci, produisent tellement peu que la contagion menace…
Mais rassurez-vous amateurs de vins…il y a encore dans ces régions enchanteresses des vins remarquablement élaborés, des petites merveilles à des prix raisonnables, des bouteilles qu’on ne sacralise pas et qu’on n’a pas peur, que dis-je …qu’on a envie d’ouvrir !
Venez donc les découvrir avec nous, c’est là que se situe notre véritable métier et notre passion.